Troisième Compartiment

Antoine n'avait pas souhaité s'installer dans les premiers compartiments du train car il s'imaginait que c'était là que se rueraient les élèves les plus jeunes ! Mais lui, il n'était pas comme ça ! Des amis il s'en fera, il en était certain, il n'avait jamais eu aucun mal à s'en faire. Ce qu'il voulait, surtout, c'est savoir ce qui l'attendait ! Alors, logiquement, le jeune garçon s'était précipité vers le wagon le plus éloigné de l'entrée ! Dès qu'il fut arrivé, il s'installa tranquillement sur son siège et ouvrit un paquet de chocogrenouilles en attendant que d'autres le rejoignent. Il leur en offrira même un peu ! Y'a rien de mieux que les friandises pour faire connaissance, après tout !

Le caractère pudique de Lother Hortinger le conduisait à choisir un compartiment qui était vide. Il nous voulait pas s’immiscer dans des conversation d'amis potentiels ou paraître intrusif envers ce qui pourrait être ses futurs camarades.
Vêtu comme d'habitude d'un tenue impeccable, et chargé de valise, il s'assit et se regarda dans le reflet de la vitre. Il se vit légèrement décoiffé, sorti un peigne et se coiffa soigneusement de sorte à laisse sa coiffe à l'image de son attitude.
Il ouvrit son livre sur la numismatique et commença à la lire, ses lunettes rondes épaisse pendues au bout de son nez. Il attendait que le train démarre.

Le jeune Lother vit l'étrange confiserie se poser sur son livre et recula la tête de surprise.
Il prit délicatement la grenouille avec ses deux doigts, leva les yeux, puis vit le jeune homme en face de lui.
Etait-il venu entre temps sans qu'il l'ai remarqué, ou Lother était-il tellement absorbé par ses pensées qu'il ne l'avait même pas remarqué ?
Le jeune Hortinger ne cacha pas sa gêne et essaya de cacher son agacement sur le fait que son livre était légèrement tâché de chocolat.
Il posa son livre, se leva et se dirigea vers Antoine et dit :
"Je suppose que cela vous appartient" dit-il d'un sourire qui se voulait le plus amical possible mais qui cachait une certaine timidité, et une surprise face à l'allure du jeune homme qui contrastait avec la sienne.
Tenant le choco grenouille de sa main gauche, il tendit son autre main avec franchise:
"Lother Hortinger fils de Marcus Hortinger, enchanté ! "

Antoine observa avec terreur sa grenouille chocolatée s'élancer sur le livre ! Mince ! Le train n'était même pas encore parti qu'il en faisait déjà une... Finalement, un certain soulagement s'empara de lui lorsque le garçon lui tendit la main ! Comme les adultes quand ils se rencontrent ! Rohlala, ça rigolait plus Poudlard !

Le jeune blondinet adressa un sourire parfaitement candide et qui transpirait l'amabilité à son interlocuteur avant de lui serrer la main.

_ " Antoine Roberts ! " Dit il avec enthousiasme avant de dévoiler ses dents encore tâchés de chocolat. " Fils de euh... Oliver Roberts ! C'est mon papa ! "

Précisa-t-il avec entrain avant de piocher dans son sachet de friandise .

_ " Tiens ! Je te donne la carte qui va avec la chocogrenouille ! Dis moi qui t'as eu ! "

Répliqua-t-il en tendant à Lother une carte qui ne tardera pas à dévoiler une légende du monde des sorciers.

"Roberts... ce nom ne me dit rien, mais qu'importe".
Le jeune Hortinger ne voulait pas commencer à demander le sang de ce garçon qui semblait sympathique, au risque de l'offenser.
Il regarda la carte donné par le jeune Robert, y vit le nom du célèbre directeur de la maison Serpentard et ne cacha pas son amusement.
"Eh bien on peut dire que c'est une bonne pioche" dit-il en ricanant.
"Pour ainsi dire je ne suis pas trop friandise donc je dois avouer qu'il s'agit de ma première carte autant dire que ça peut bien commencer ! "
Puis marqua une légère pause en redressant ses lunettes
"... ou peut être que ça peut porter chance, et vous quelle carte avez-vous déjà en votre possession? " dit-il à son interlocuteur avec un léger sourire en coin.

Antoine ne comprit pas sur l'instant l'importance d'avoir un nom "connu" et aurait pu s'en offusquer, mais ce n'était pas dans sa nature de sortir de ses gonds pour si peu. A la place, il préféra répondre avec cette perspicacité qui le caractérisait tant :

_ " Pas encore, mais mon papa il sera célèbre bientôt tu verras ! Il a fini sa formation d'auror juste l'année dernière et depuis il se bat avec des mages noirs tout le temps ! "

Le jeune garçon ne savait pas vraiment qu'auror était, effectivement, une profession prestigieuse et très difficile d'accès. Tout ce qui comptait pour lui, c'était d'avoir un proche qui, selon sa vision encore très candide du monde, "combattait les méchants".

Antoine se pencha légèrement pour voir quelle carte son camarade avait obtenu puis s'exclama :

_ " Oh chouette le professeur Rogue ! C'est une édition récente, tu sais ! Y'en a pas beaucoup en circulation ! "

Il jeta ensuite un regard oblique dans la cabine, comme pour s'assurer que quelqu'un d'autre ne les avait pas rejoins. Il n'était pas très habitué à être vouvoyé.

_ " Euh... Dans ce sachet j'ai eu..." Le jeune garçon fronça les sourcils tout en fouillant dans sa poche pour en tirer une série de cartes qu'il étala sur la banquette où il était assis : " Morgan, Herpo l'infâme, Harry Potter et Gwendoline la Fantasque ! Y'avait qu'Herpo que je n'avais pas déjà ! " Concéda-t-il avant de ranger ses cartes.

Lother répondi d'un air amusé:
" Ah oui beaucoup de cartes. Mine de rien cela peut être un moyen d'apprendre l'histoire de la magie ! "
Puis il coupa net son élan en ne voulant pas donner l'impression à Antoine de passer pour un monsieur je-sais-tout en racontant l'histoire de la sorcelerie dans la Grèce ou l'Egypte antiques.
Puis après quelques secondes de silence il reprit:
"Ah je vais donc te tutoyer si tu l'autorises! Je connaissais vaguement la profession d'auror, mais ça doit être dangereux j'imagine. Tu veux être comme ton père plus tard? "

Lother hocha les épaules avant de sortir un nouveau bonbon de son sachet. Celui-ci avait la forme d'un chaudron au chocolat duquel jaillissait un liquide verdâtre... De la menthe, en tout cas c'est ce qu'Antoine espérait.

_ " Oui c'est que m'expliquait mon papa ! On apprend plein d'anecdotes amusantes ! Par exemple, Herpo l'infâme est le premier homme à avoir créé un basilic ! T'imagines un peu ? Et Harry Potter en a tué un quand il était à Poudlard ! Y'a tout un tas de trucs comme ça ! "

Antoine était moins pudique que Lother et quoique ces connaissances en histoire demeuraient très marginales, il adorait rêvait autour des histoires qui lui étaient contées.

_ " Oui bien entendu ! " Confirma-t-il d'un vif hochement de tête et soulagé à l'idée de ne pas avoir à vouvoyer tout le monde. " Oui c'est très dangereux ! C'est pour ça que moi j'hésite à le devenir, parce que si je disparaissais tout le monde serait bien embêté et triste et ça je le veux pas ! "

Lother posa délicatement le paquet de bonbon à côté de d'Antoine puis s’assit droit comme un i en face du jeune garçon. Il sortit de sa poche un tissu sur lequel il essuya ses mains sans montrer un quelconque signe d'émotion. Il faut dire que le jeune Hortinger était plutôt d'un tempérament froid, et n'avait pas trop goût aux confiseries, et chocolats.
Il fixa le jeune Antoine du regard.
"Ton père doit être sacrément courageux et doit avoir un grand sens du devoir! Les caractéristiques ne se perdent pas, peut être seras-tu comme lui plus tard ! ".
Puis son regard se tourna vers les paysages verdoyants de la campagne Britannique, et vers le couloir, qui pour l'instant restait calme.
"Je dois avouer que je suis assez curieux de voir à quoi ressemble la vie à Poudlard, et dans quelle maison je serais. As-tu une préférence pour l'une d'entre elles?".

Une fois encore, le petit Antoine hocha les épaules. L'avenir était une notion encore très floue et sibylline pour lui. L'envisager lui était un exercice difficile, d'abord parce qu'il adorait vivre à l'instant présent, mais également parce qu'il avait tendance à trop se dénigrer pour s'imaginer suivre une carrière aussi prestigieuse qu'auror. Poudlard soignera-t-elle ce complexe ? L'exacerbera-t-elle ? Il aura un début de réponse sous peu.

_ " ça serait chouette, oui ! Mais j'aime bien garder autant d'options ouvertes que possible ! J'ai hâte de découvrir les matières pour savoir lesquelles me correspondront le mieux ! "

Antoine posa son regard sur toute cette verdure qui défilait dans ce défilé brouillon et pourtant si vivant ! Lui qui était un véritable rat des villes, cet appel de la nature sonnait comme une délicieuse mélodie.

_ " Non ! Mon père m'a dit de ne pas être effrayé par les préjugés liés à telle ou telle maison et de ne pas trop complexer là dessus ! Personnellement, je pense seulement ne pas finir à Serdaigle, parce que je suis un peu trop bavard pour ça ! C'est ce que tout le monde me dit ! Pour le reste, j'verrai bien ! Et toi, alors ? "