Hall d'entrée

Messages : 133 Date d'inscription : 09/10/2021

Poudlard est un chef d'oeuvre d'architecture magique et cet aspect est vérifiable jusqu'à son seuil. Le hall d'entrée de Poudlard est le point d'arrivée de tous les élèves désirant étudier dans le château. Immense et capable d'accueillir des centaines d'élèves sans encombres, les admirateurs de l'édifice aiment à rappeler qu'une petite maison pourrait reposer ici sans boucher les accès au reste du château. Le plafond est si haut qu'il est quasi indiscernable depuis le sol et la nuit les panaches orangés produits par la multitude de torches dissimulées aux quatre coins du hall rendent cet exercice plus fastidieux encre. Des niches sont creusées dans le mur de la porte d'entrée et abritent les fameux sabliers à l'effigie des maisons de Poudlard. Un grand escalier de marbre fait face à l'entrée et mènera les élèves vers les étages supérieurs. Plusieurs autres portes jonchent cet escalier et mènent aux innombrables couloirs inférieurs ou à la grande salle.

Quelle vue ! Mais quelle vue ! Sept années en tant qu'enseignant et dix années en tant que professeur n'avaient pas suffit à l'en lasser ! Poudlard survivait à tous les désastres, tous les sinistres et toutes les catastrophes... Un peu comme lui ! Auguste Valrand était un vétéran de la vie, qui avait été là lorsque les immortels fondaient sur l'Europe, lorsqu'un nourrisson avait renvoyé le seigneur des ténèbres dans les ténèbres d'où il venait et qui s'était égosillé lors de la coupe du monde de 94. A cette occasion, il aurait volontiers puni personnellement les petits malandrins masqués venus gâcher la fête, mais sa petite-fille l'en avait dissuadé, malheureusement...

Et voilà qu'après une vie à parcourir le monde, à lier des amitiés dans chaque coin du monde et à entasser les joies et les plaisirs les plus simples... Il revenait. Une certaine appréhension lui enserrait le coeur, car il craignait que ce qui l'avait forcé à tirer sa révérence à l'époque, ne continue d'hanter ce si beau château. Le professeur Valrand avait toujours affectionné ses élèves sans distinction de maison, de sang ou de talent et c'est précisément parce que cette position avait été rendue extrêmement "ringarde" par les moeurs d'une époque devenue folle qu'il avait décidé de tirer sa révérence, au grand damne de ses collègues, mais aussi d'une vaste majorité d'élèves.

Un bras appuyé sur sa canne, l'autre levé haut vers ce plafond qu'il ne voyait toujours pas, il salua cérémonieusement la myriade de tableaux, immobiles ou animés, assoupis ou vifs, qui décoraient le hall d'entrée. En dépit de tout... Il était bon de rentrer à la maison.

Descendant tranquillement de son bureau situé au deuxième étage, la directrice de Poudlard ne put s'empêcher de remarquer ce vieillard, qu'elle avait tant aimé connaître, saluer avec tout l'enthousiasme qu'elle lui connaissait des tableaux qui, jamais, ne lui rendraient sa politesse.

Arrivée à son niveau, elle le laissa s'extasier quelques instants avant de poliment se racler la gorge. Le vieillard retrouvera une Minerva McGonagall en bonne forme, toujours entichée dans ses longues robes vertes aux reflets argentés et donc le visage si longuement ancré dans une sévérité caractérielle laissait tout de même paraître un soupçon de joie.

Elle était là ! Son ancienne collègue et, désormais, supérieure hiérarchique qu'il avait connue si jeune avais pris la peine de l'accueillir ! Pour tout dire, il s'y attendait un peu car en dépit de ses mimiques austères et rigides, miss McGonagall demeurait une amie fidèle et une collègue formidable.

_ " Minerva ! Quelle joie de vous revoir ! Je sais que je vous les ai déjà adressées par courrier, mais permettez moi de vous renouveler mes félicitations. !"

Auguste s'était, naturellement, rendu aux obsèques d'Albus Dumbledore et les deux collègues s'étaient recroisés à cette occasion. Ce n'était pas vraiment le moment opportun pour s'échanger de belles amabilités, alors il était ravi d'avoir enfin l'opportunité de rattraper le temps perdu

_ " Comment allez vous depuis le temps, vieille amie ? "

" Aussi bien faire que faire se peut, mon ami. Aussi bien que faire se peut. "

Répéta-t-elle avec une amabilité qui masquait parfaitement la profonde lassitude liait à l'organisation en toute hâte de la très prochaine rentrée scolaire.

" Les départs d'Horace et de Pomona ont été, plus que le départ de deux collaborateurs, le départ de deux amis. Savoir que vous acceptiez de reprendre votre post a été une véritable bénédiction, Auguste."

Continua la directrice qui, d'un délicat geste de main, invitait son interlocuteur à faire quelques pas en sa compagnie.

Horace accueillit cet aveu de Minerva comme le plus beau compliment que l'on pouvait lui faire. Savoir que même réduit à l'état de vieux gâteux, certaines personnes étaient encore prêtes à lui accorder une place de choix dans la société était un remède inestimable.

_ " Ah vous me connaissez, Minerva ! Le seul endroit où je prendrai ma retraite, c'est derrière l'église de Godric's Hollow ! "

Et, comme inspiré par sa blague d'un goût, pourtant, relativement douteux, le vieillard se laissa aller à quelques ricanements.

_ " Enfin... J'ai déjà croisée celle qui venait remplacer Horace. Je suis certain qu'un bon nombre de ces messieurs de la maison Serpentard seront ravis de ce changement de casting. "

Cette fois, comme anticipant la réaction de sa collègue bien plus austère que lui, il se retint de rire, mais toute sa bonne volonté ne put contenir la formation d'un petit sourire amusé figé sur son visage ridé.

Si elle n'avait pas été l'incarnation même du flegme britannique, Minerva aurait très certainement levé les yeux au ciel tout en grondant Auguste de la manière la plus sarcastique qui soit. A la place, elle se contenta d'une grimace mécontente qu'elle s'assura de prestement communiquer à son estimé collègue.

" Elle est jeune et surqualifiée. D'expérience, je sais que ce n'est pas nécessairement une combinaison gagnante. Je compte sur la bienveillance du corps enseignant pour qu'elle se sente à l'aise... Cela ne sera pas facile la concernant. "

Minerva se garda bien de dire qu'elle n'était que, très, partiellement à l'origine du choix de cette enseignante. Ses collaborateurs lui avaient adressé un très grand nombre de doléances suggérant ce choix là, en rappelant ses nombreuses citations à l'Ordre de Merlin. Toutefois, lorsqu'elle consulta le CV de Septima, elle réalisa surtout cette jeune femme n'avait absolument jamais travaillé depuis son départ de Poudlard et que, fait encore plus troublant, elle vivait dans le misérable grenier d'une ruelle moldu. Après investigation, elle comprit le pourquoi du comment et décida de lui laisser une chance, mais elle la gardera à l'oeil.

" Au fait. Nous n'avons pas encore installé votre bureau. Il y a-t-il un étage que vous souhaiteriez que nous vous réservions ? "

_ " Vous savez ce que j'ai toujours dit ! On ne peut être pédagogue que si on en a soit même rencontrés d'autres par le passé ! J'ai toujours appliqué ce principe à mes élèves et j'en ferai de même pour mes collègues ! "

Et puis il faut dire qu'Auguste était curieux de savoir si les filtres de jouvence de miss Smith étaient aussi efficaces que ceux du professeur Slughorn. Les soirées endiablées à la tête-de-sanglier étaient l'une des choses qui manquait le plus au directeur de Poufsouffle, mais il craignait de ne plus y survivre dans son état actuel.

_ " Quant au bureau... J'aime le choix du quatrième étage. Je n'aurai pas beaucoup à marcher si je veux emprunter un livre en début de soirée et je pourrai faire la conversation à notre bonne miss Pince au passage ! "

Plaisanta Valrand qui savait que la seule personne au monde à être encore plus austère que McGonagall était l'irascible bibliothécaire de Poudlard.

Quoiqu'elle trouva la maxime de son collègue parfaitement pertinente, elle se garda de la commenter et se contenta de l'approuver par un bref hochement de tête.

" Entendu. Je vais vous laisser vous installer dans ce cas. "

D'autres affaires l'attendaient et quoiqu'elle aurait été ravie de prolonger cet échange un peu plus longtemps, elle était déjà heureuse d'avoir retrouvé Auguste dans l'exact même état où elle l'avait laissé.

" Ah et au fait Auguste. Si j'apprends que vous avez dérangé madame Pince, je déplacerai votre bureau à coté des toilettes du deuxième étage. "

Sur ces bons mots, la directrice remonta vers son bureau, non sans s'être fendue d'un furtif, mais bien réel sourire.

Cet avertissement arracha un nouveau petit ricanement au vieillard dont le visage ne parvenait plus à se débarrasser de son sourire béat. Il resta dans le hall encore quelques instants, se revigorant de cette atmosphère qu'il avait presque oubliée, puis partit vers les sous-sol. Il était bien plus impatient de retrouver la salle commune de sa maison que le bureau où il allait travailler.

Une fois descendus du Poudlard express et après la traditionnelle traversée du lac de Poudlard en barque, les élèves de première année furent conduits dans le grand hall où, un homme au faciès comme à l'attitude austères, les attendait. Aurelius demeura silencieux quelques instants avant de s'aviser de la présence de TOUS les élèves. Un tonitruant raclement de gorge résonna dans le grand hall, de quoi capter l'attention des élèves les plus dissipés.

_ " Jeunes gens, permettez moi d'être le premier à vous souhaiter la bienvenue au collège Poudlard, école de sorcellerie. Je suis Aurelius Scrimgeour, directeur de la maison Gryffondor et professeur de défense contre les forces du mal. "

Aurelius fit une pause, comme pour jauger des réactions des uns et des autres avant de reprendre :

_ " D'ici quelques instants, je vous conduirai dans la grande salle où la traditionnelle cérémonie de répartition va se tenir. Lorsque je prononcerai votre nom, que j'espère ne pas écorcher, vous me rejoindrez sur l'estrade et j'apposerai le choixpeau sur vos têtes. Vous allez bien vite réaliser que l'affectation dans telle ou telle maison caractérisera autant votre vie quotidienne à Poudlard que les amis que vous vous ferez entre ces murs. "

Aurelius en savait quelque chose. Lui même n'était pas vraiment partisan de cette politique de "communautarisation des élèves", comme il aimait à l'appeler, mais il ne se permettrait jamais de critiquer une tradition aussi séculaire et respectée.

_ " Avant cela, permettez moi de vous expliquer comment la vie scolaire sera organisée pour la vie à venir. Chaque maison sera dotée d'un score que nous calculons en point. Chaque manquement au règlement, en plus d'une sanction disciplinaire individuelle qui, vous pouvez compter sur moi, sera exemplaire, entraînera une chute du score de votre maison et prendra donc la forme d'une punition collective. A l'inverse, tout exploit, scolaire ou non, sera dûment récompensé. Nous avons pour esprit de perpétuer une tradition méritocratique qui nous est cher. Maintenant, jeunes gens, préparez vous. "

Et sans rien ajouter de plus, ni même se détacher de sa rigueur militariste, Aurelius Scrimegeour poussa les portes de la grande salle et laissa aux élèves le soin de le suivre.

Waouw ! Le moins que l'on pouvait dire c'est que le directeur de la maison Gryffondor n'avait pas l'air de plaisanter ! Le nom "Scrimgeour" aurait très certainement pu éveiller un quelconque souvenir dans l'esprit de la petite tête blonde, mais cette dernière était bien trop préoccupée par la cérémonie de répartition. Aussi, Antoine se contenta d'hocher la tête tout du long, tout en ayant la désagréable impression que le professeur s'adressait à lui en particulier...

C'est le poing serré et l'oeil anxieux que le jeune garçon suivit le professeur dans la grande salle.